Traité du Quirinal

Déclarations de MM Pier Virgilio Dastoli
et Sandro Gozi

À propos du Traité du Quirinal, Pier Virgilio Dastoli, président du Comité italien du Mouvement européen (CIME), écrit :

« Le Traité du Quirinal entre l’Italie et la France sera signé à Rome le 25 novembre par le Président Emmanuel Macron et le Président Mario Draghi.

» Les négociations avaient été lancées en janvier 2018 sous le gouvernement de Paolo Gentiloni lors d’une réunion coprésidée par les ministres italien Sandro Gozi et française Nathalie Loiseau. La rédaction du projet avait alors été confiée par une lettre de mission d’Emmanuel Macron et de Paolo Gentiloni à un groupe de six sages“, dont côté italien Franco Bassanini, Marco Piantini et Paola Severino.

» Parmi les thèmes prioritaires de l’accord, l’accent est mis sur la recherche, la culture, l’industrie et la défense, en soulignant la nécessité de mettre en œuvre des moyens tels que des coopérations renforcées ou structurées, dans les cas où la nécessité de décisions unanimes de l’UE entraverait les progrès communs.

» Après les élections italiennes de 2018 et la formation du gouvernement Conte I avec la Ligue et le Mouvement 5 étoiles, les négociations avaient été gelées, elles n’avaient pas été reprises par le gouvernement Conte II en raison de la pandémie, et elles n’ont été relancées que par le gouvernement Draghi. Elles parviendront enfin à leur terme le 25 novembre.

» De nombreux événements se sont produits entre temps en Europe en général, notamment le début de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, ainsi qu’entre l’Italie et la France, avec la volonté française et italienne d’envisager la possibilité d’aller au-delà du Traité de Lisbonne signé il y a 14 ans, à une époque où l’état dans lequel se trouvaient le monde et l’Europe étaient radicalement différents d’aujourd’hui.

» Ceci pose la question de savoir ce qu’il faut faire si certains gouvernements ne sont pas disposés à négocier et à accepter une révision du traité de Lisbonne, et donc quel projet, quelle méthode et quel calendrier envisager pour surmonter l’obstacle que constituerait l’organisation d’une Convention sur la base de l’article 48 du TFUE (Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne), laquelle exigerait la convocation d’une conférence diplomatique, un accord unanime des gouvernements nationaux et l’unanimité des ratifications par les États membres.

» Au sein de la plateforme sur l’avenir de l’Europe créée en septembre 2019 au Cnel (Conseil national italien pour l’économie et le travail) par le Mouvement européen italien, la question d’une intégration européenne différenciée a été abordée à plusieurs reprises, sujet sur lequel l’Institut des affaires internationales travaille dans le cadre d’un projet européen spécifique, tandis que le Mouvement européen a incité le groupe Spinelli du Parlement européen à relancer la méthode essentiellement constituante qu’avait adoptée le Parlement européen pour l’élaboration de son projet de constitution du 14 février 1984.

» Ce sont des questions auxquelles le traité du Quirinal ne devrait pas échapper, compte tenu également des conclusions de la conférence sur l’avenir de l’Europe qui pourrait avoir lieu en mai 2022 après les élections présidentielles françaises qui se tiendront les10 et 24 avril 2022.

» Il convient de rappeler que l’idée d’un Traité du Quirinal a été lancée sous l’inspiration du Traité de l’Élysée signé autrefois entre la France et l’Allemagne et qu’une proposition a récemment été avancée en faveur d’une initiative nouvelle franco-italo-allemande qui rassemblerait les priorités des deux traités après la formation du nouveau gouvernement allemand et dans la perspective des conclusions de la Conférence sur l’avenir de l’Europe puis de la réouverture de travaux sur la réforme de l’Union européenne. »

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Sandro Gozi, ancien secrétaire d’État italien aux affaires européennes, aujourd’hui député européen (Renew Europe) élu en France, et président de l’Union des fédéralistes européens (UEF) écrit de son côté :

« Nous sommes à la veille d’une étape importante qui donnera à la France et à l’Italie ensemble un rôle de leader en Europe et un nouveau rôle de premier plan pour répondre aux défis mondiaux. La signature du Traité de Quirinal garantira une base solide et structurée pour faire fonctionner la relation entre nos deux pays, en créant une série de groupes de travail et des échanges plus fluides.

» Il existe aujourd’hui entre Rome et Paris une grande convergence politique sur les priorités européennes et internationales. Dans un contexte de relations aussi favorable que celui qui s’est établi entre le Président Mario Draghi et le Président Emmanuel Macron, il est donc important de sceller cette relation particulière par un traité dont la signature donnera plus de force à l’Italie et à la France pour engager des actions communes à l’échelle européenne et à l’échelle mondiale. Naturellement, il peut encore subsister quelques divergences de vues ou quelques litiges, mais nous disposerons désormais d’un nouvel ensemble d’outils diplomatiques et de mécanismes politiques permettant de les prévenir et de les résoudre. Si nous États européens, restons en compétition les uns avec les autres, nous serons tous perdants. C’est pourquoi il est essentiel que l’Italie et la France travaillent ensemble, main dans la main, en commençant par le déploiement de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, qui devra être suivie de réformes importantes de l’Union européenne. »

 

Ces deux déclarations, reproduites ici avec l’aimable accord de leurs auteurs, ont été rédigées initialement le 17 novembre 2021 à l’intention des membres de la « Plate-forme italienne pour la Conférence sur l’avenir de l’Europe ».

 

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